001. le synopsis

Elle courait, à en perdre haleine. Sa vie en dépendait. Elle ne savait pas si elle allait s’en sortir ce soir. Quelqu’un en voulait à son existence. Elle ne savait pas qui. Elle ne savait pas pourquoi. Mais elle était consciente qu’il fallait que ses jambes ne la lâchent pas pour sauver sa peau. Il fallait qu’elle aille plus vite, autrement il allait vite la rattraper. Jenn sentait son cœur battre si fort dans sa poitrine qu’il lui semblait qu’il cherchait à la quitter. Pour la première fois depuis de nombreuses minutes qui lui semblèrent une éternité, elle se risqua à jeter un œil derrière elle. Quelle fut sa surprise lorsqu’elle se rendit compte que son assaillant semblait avoir disparu. Elle se concentra de nouveau sur sa course, afin de gagner un arbre et de se cacher derrière. Jenn laissa les secondes s’écouler, le souffle court, alors qu’elle tenta de récupérer. Mais une vive douleur à l’abdomen lui fit baisser les yeux, tandis que ses mains le rejoignait avant de le quitter cette fois-ci pleines de son propre sang. Ses yeux s’écarquillèrent, et elle tenta de réaliser. Le souffle d'un autre retentit enfin à son oreille droite, et son visage se tourna vers la face monstrueuse de son assassin. « Non… ! » Qu’elle prononça d’une voix faible avant de s’écrouler dans l’herbe fraîche de la nuit. Elle n’arrivait pas à y croire. Elle avait échoué à protéger sa propre vie. Et maintenant, elle la sentait qui la quittait petit à petit. C’est à ce moment-ci qu’elle sut qu’elle ne reverrait pas ceux qu’elle aimait. C’est à ce moment-ci qu’elle comprit tous les regrets qu’elle a gardé secrets tout au long de sa vie. La douleur au niveau de son ventre se faisait de plus en plus intense, pourtant elle avait l’impression de moins en moins la ressentir. Sa dernière image fut le tueur qui se penchait vers elle, tournant doucement et de manière intéressée son visage masqué alors qu’il contemplait son œuvre. Ce soir, il avait gagné. Et c’est d’un dernier geste que Jenn osa accrocher sa main à cette deuxième face qui couvrait sa tête, avant de s’évanouir aux bras de la mort.

Un cri d’effroi déchira la nuit. Madame Walker plaqua ses deux mains contre ses lèvres, afin de ne pas ressortir son déjeuner alors que ses yeux écarquillés continuaient de scruter l’horrible scène qui se présentait à elle. Ce sentiment, celui que l’on ne ressent qu’une seule fois dans sa vie, celui qui se révèle lorsqu’on perd la prunelle de ses yeux, l’envahit instantanément tandis que son cerveau chercha en premier lieu des explications avant de la confronter à la terrible réalité. Monsieur Walker, alarmé par la frayeur de sa femme, se précipita sur les lieux avant de lâcher un hurlement à son tour. Ils restèrent ainsi pendant au moins une bonne dizaine de minutes, rejoignant les bras de l’un et l’autre. C’est finalement l’homme de famille qui osa se relever pour appeler les secours, les premiers qui lui vinrent en tête. N’importe qui. L’image de leur fille et de son estomac suspendus à un arbre de leur immense jardin les hantera à tout jamais. Ils n’en fermeront pas l’œil des nuits durant. Et alors que le soleil commença à se lever, la petite ville de Lakewood entière allait apprendre le meurtre de l’adolescente qu’était Jennifer Walker. Son tueur court toujours, mêlé parmi la foule qui se distribue les journaux. Tremblez, et ne vous fiez surtout à personne. Ne vous attachez à personne. Car vous êtes peut-être le prochain.

« A mon humble avis, personne ne met un masque pour ne commettre un meurtre pareil qu'une fois. »